Guy et Geneviève & Bud et Deanie : Qui sont ces quatre là ?
Dans Les parapluies de Cherbourg (de Jacques Demy, 1964), dont l'action se passe à..Cherbourg mais à l'époque de la guerre d'Algérie, Guy et Geneviève interprétés respectivement par Nino Castelnuovo et la sublime Catherine Deneuve s'aiment...
Dans Splendor in the grass (de Elia Kazan, 1961), dont l'action se passe au Kansas à la veille de la grande dépression de 1929, Bud et Deanie interprétés respectivement par Warren Beatty et la sublime Natalie Wood s'aiment...
Jusqu'à là, rien d'anormal !
Sauf que des obstacles majeurs dans chacune de ces deux histoires vont conduire les deux couples à vivre une fin de relation strictement identique.
GUY et GENEVIÈVE, ce qu'il faut savoir...
Guy et Geneviève sont freinés dans leur vie respective, lui par son départ pour la guerre d'Algérie, elle par sa mère (décidément !) qui souhaite la voir épouser un riche diamantaire, plutôt que de la voir fréquenter un garçon, Guy en l'occurence, qui travaille comme mécanicien dans un garage.
Guy est élevé par une tante malade dont s'occupe avec beaucoup d'abnégation Madeleine, une jeune femme secrètement éprise de Guy.
Moralité : Guy est appelé sous les drapeaux, il part deux ans en Algérie, non sans avoir passé (la veille de son départ) une nuit d'amour avec Geneviève, celle-ci restant chez sa mère à attendre dans les premiers temps les lettres de Guy qui n'arrivent pas ou peu, car celui-ci est dans une zone de combats difficiles.
Pendant que Guy fait son régiment, Geneviève poussée par sa mère est exposée au charme de Roland, un négociant en pierres précieuses. Elle est enceinte de Guy, mais sa mère voit tout l'avantage qu'il y aurait à la rapprocher de Roland, ce dernier étant non seulement riche, mais acceptant aussi de reconnaître le bébé que porte Geneviève.
Après plusieurs mois et sous l'influence de sa mère endettée, Geneviève accepte d'épouser Roland.
Quand Guy est démobilisé, il s'aperçoit que la boutique des parapluies n'est plus tenue par Geneviève et sa mère.
La mort de sa tante l'amène à se rapprocher de Madeleine, il épouse cette dernière, ils ont un fils, François.
Avec l'argent de l'héritage laissé par sa tante décédée, Guy et Madeleine prennent en gérance une station-service dans Cherbourg.
La séquence finale où Guy (Nino Castelnuovo) et Geneviève (Catherine Deneuve) se retrouvent est émotionnellement l'une des plus fortes de l'histoire du cinéma (on peut la visualiser gratuitement sur YouTube) :
Guy est dans la station-service, alors que sa femme et son fils se préparent à sortir.
L'on voit au loin une voiture s'arrêter devant une pompe à essence de la station-service, c'est Geneviève qui est au volant de la voiture. Guy rejoint la voiture sur la piste, Il fait froid, Guy reconnaît Geneviève, il l'incite à rejoindre le bureau de la station-service, où ils échangent quelques mots, elle lui demande si tout va bien, il semble lui répondre " oui ", sans réelle conviction.
Geneviève ressort du bureau de la station-service et Guy la suit du regard, en train de rejoindre sa voiture, alors que la musique de Michel Legrand monte crescendo en prenant toute sa signification !
La voiture de Geneviève quitte la piste, alors que Madeleine et son fils reviennent de leurs courses. Guy les accueille et joue avec son fils comme si de rien n'était, la neige recouvre la piste de la station-service.
La moralité de Les parapluies de Cherbourg semble être : mieux vaut construire une famille dans un cadre protégé et serein, plutôt que de s'accrocher à vouloir vivre des passions destructrices.
Guy et Geneviève auront (comme Bud et Deany) chacun de leur côté une vie confortable et plutôt bien réglée, sans plus !
Mais, au fond, n'est-ce pas là notre quête à tous ?
BUD et DEANIE, ce qu'il faut savoir...
Bud et Deanie sont freinés dans leur vie respective, lui par son père qui veut l'envoyer étudier à la prestigieuse université de Yale, elle par sa mère qui lui demande de ne faire aucun écart de conduite avant le mariage.
Moralité : Deanie fait une dépression qui va la tenir éloignée de Bud pendant deux ans, ce dernier pendant ce temps étant à Yale sans conviction, pour obéir à son père.
Quand Deanie sort complètement rétablie de l'hôpital psychiatrique (où elle est restée deux ans, et où elle a rencontré un étudiant en médecine), elle demande à revoir Bud. Celui-ci a repris la ferme de son père et s'est marié avec Angélina, une jeune fille qui l'a beaucoup soutenu moralement quand il était étudiant à Yale et qu'il déprimait lui aussi.
La séquence finale où Bud (Warren Beatty) et Deanie (Natalie Wood) se retrouvent est émotionnellement l'une des plus fortes de l'histoire du cinéma (on peut la visualiser gratuitement sur YouTube) :
Bud est chez lui dans sa ferme, Deanie arrive en voiture avec ses deux copines, elle laisse ses copines, fait quelques pas et aperçoit Bud au loin. Ils se rapprochent l'un de l'autre (ils ne se sont pas revus depuis deux ans), échangent deux trois mots, puis Bud présente sa petite famille à Deanie.
Quand Bud raccompagne Deanie à sa voiture et qu'elle lui demande s'il est heureux, l'on sent précisemment à cet instant-là deux choses : chacun s'est résigné à vivre sa nouvelle vie de son côté (Bud avec Angelina, Deanie avec son médecin), mais Deanie semble être toujours éprise de Bud..
De plus, quand Bud prend Deanie à part, peu avant qu'ils ne se requittent, pour lui dire qu'il a été content de la revoir, Deany semble soulagée mais résignée, car le temps n'est plus à la " gaudriole ", chacun est devenu adulte et doit maintenant assumer ses responsabilités, Bud en tant que père et chargé de famille, Deanie en tant que future épouse de son médecin.
La moralité de Splendor in the grass semble être : si des parents (croyant bien faire) peuvent en arriver à " planter " la vie de leurs enfants, ce n'est malgré tout pas aux enfants de les juger, car ces parents-là ont agi en pensant bien faire pour leurs enfants.
Bud et Deanie, chacun de leur côté auront une vie probablement sans passion (en tout cas, sans aucune mesure avec la passion qui les habitait quand ils avaient vingt ans), et ils ne seront ni moins heureux ni plus heureux que leurs propres parents.
Morale du film assez désenchantée, me direz-vous...
Pourtant, j'ai du voir Splendor in the grass environ 200 fois, et à chaque fois j'aurais voulu en changer la fin !
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Suspendisse varius enim in eros elementum tristique. Duis cursus, mi quis viverra ornare, eros dolor interdum nulla, ut commodo diam libero vitae erat. Aenean faucibus nibh et justo cursus id rutrum lorem imperdiet. Nunc ut sem vitae risus tristique posuere.