Il nous a d'abord enchanté dans tous les films de cape et d'épée des années 50 et 60 : La tour prends garde !, Le Bossu, Le Capitan, Le Capitaine Fracasse, La princesse de Clèves, Le miracle des loups, Le Masque de Fer.
Il nous a ensuite ravi dans la série des Fantômas où il jouait le journaliste Fandor aux côtés de Louis de Funès.
Mais il ne faut pas oublier qu'il a joué dans plusieurs grands classiques du cinéma français, j'ai nommé L'éternel retour (de Jean Delanny, 1943), La Belle et la Bête (de Jean Cocteau, 1946), Aux yeux du souvenir (de Jean Delannoy, 1948), Orphée (de Jean Cocteau, 1950), Le Comte de Monte Cristo (de Robert Vernay, 1954), Elena et les hommes (de Jean Renoir, 1956), Nuits blanches (de Visconti, 1957), Peau d'Âne (de Jacques Demy, 1970).
Il a débuté comme figurant dans les films de Marcel L'Herbier.
Celui-ci, cependant, ne lui donna jamais sa chance pour un vrai rôle, à cause de sa voix de fausset dont le volume ne répondait guère à son aspect physique, ni le timbre à son âge.
Après avoir échoué au Concours d'entrée au Conservatoire d'art dramatique de Paris, en 1936, il entre comme stagiaire chez Charles Dublin, au Théâtre de l'Atelier.
Il y découvre les pièces classiques, où il tient des rôles de figuration durant trois ans, payé dix francs par jour, ce qui lui permet de financer ses cours.
En 1937, il a alors 24 ans, il fait la connaissance de Jean Cocteau lors d'une audition pour la mise en scène de sa réécriture d'Oedipe Roi. Cette rencontre marque véritablement le lancement de sa carrière, il déclare : J'ai vécu 24 ans avant de naître, car je suis né deux fois, le 11 décembre 1913, et ce jour de 1973 quand j'ai rencontré Jean Cocteau.
Le cinéaste et dramaturge tombe amoureux du jeune acteur. Il devient son amant et son mentor, s’occupant de son instruction littéraire et artistique, ne se moquant jamais de son inculture.
De son côté, Marais ne cessera jamais d’aider Cocteau à lutter contre son intoxication à l'opium.
Marais "refusa d’entrer dans le cercle infernal de la drogue, révélant ainsi un trait constant de son caractère, son indépendance totale à l’égard de tous et de tout", écrit Carole Weisweiller, auteur d'une biographie de l'acteur.
Jamais il ne renoncera à tenter de vaincre la kleptomanie de sa mère, ni l’opiomanie de son créateur.
Durant l'occupation allemande, on retrouve Marais et Cocteau parmi les vedettes régulièrement invitées à l'antenne de la chaîne de télévision allemande, Fernsehsender Paris, jusqu'à la libération de la capitale.
Durant cette occupation, Jean Marais ne réagit pas, il la subit, s'en accommode, reste passif. Il ne s'engage pas dans la Résistance, pourtant sollicité par l'acteur Louis Jourdan. Cependant, l'arrestation de son ami Max Jacob en février 1944 par la Gestapo et son internement à Drancy, lui révèle les horreurs du régime nazi.
Après la libération de Paris, durant laquelle il se joint aux combats en août 1944, il s'engage dans l'armée française et rejoint en septembre 1944 la 2ième DB du Général Leclerc.
Il y sert, toujours accompagné de son chien Moulouk, au sein du En uniforme et béret noir planté sur la tête, il conduit une baptisée Célimène , puis des camions ou pour ravitailler les équipages de chars en vivres et carburant.
On salue sa bravoure pour avoir été un des seuls conducteurs à respecter la consigne de rester au volant de son véhicule lors du bombardement de leur colonne à Marckolsheim, en Alsace (modestement, dans ses interviews ultérieures, il tiendra à relativiser cette attitude courageuse, l'expliquant par une volonté à ce moment d'être tranquille au chaud pour déguster des confitures de cerises).
Il reçoit la croix de guerre 1939/1945 et reste sous les drapeaux jusqu'en avril 1945.
On ne saurait être complet, en évoquant Jean Marais, sans parler de son extraordinaire parcours théâtral, tantôt acteur, tantôt metteur en scène, tantôt décorateur.
C'est ainsi qu'il met notamment en scène en 1944 Andromaque (de Racine).
Pensionnaire de La Comédie Française, il met alors en scène Britannicus avec les comédiens de la Salle Richelieu.
On le voit dans les années 50 interpréter ou mettre en scène de nombreuses pièces de théâtre, comme Mithridate, Bacchus, La Machine infernale, Pygmalion..
À partir de 1970, ses rôles au cinéma se font rares, il se tourne alors vers la télévision où il retrouve le succès pour une nième collaboration avec André Hunnebelle (son réalisateur fétiche des films de cape et d'épée) dans le téléfilm Joseph Balsamo.
C'est à cette époque qu'il se retire dans les environs de Grasse, après avoir vendu sa propriété de Marnes La Coquette, en région parisienne.
Dés lors, il se livre à la poterie avec l'aide de son amie Nini et de son mari Jo, collaboration qui durera quasiment 25 ans jusqu'au décès de l'acteur en 1998.
De la poterie, il passe au modelage, et du modelage il passe à la sculpture. C'est ainsi qu'il ouvre progressivement quatre galeries où il vend ses poteries et ses peintures, ces galeries l'aidant à résoudre ses gros problèmes financiers, alors qu'il doit plus de 100 millions de franc au fisc.
En 1993, Jean Marais et Michèle Morgan jouent ensemble dans la pièce Les Monstres sacrés, l'acteur a alors 80 ans, et à cette occasion Jean-Claude Brialy lui organise une grande fête où le Tout Paris est présent.
En 1996, le président Jacques Chirac le fait Commandeur de la Légion d'honneur, il doit rester debout pendant une heure durant la cérémonie, alors qu'il souffre le martyr, ayant un cancer avancé de la moelle osseuse.
Comme Jean Gabin qui avait poussé la chansonnette en 1974 avec " Je sais ", il enregistre en 1988 à 75 ans avec un certain panache la chanson " On n'oublie rien ", de François Valéry. Son passage sur la chaîne Télé Mélody nous le montre impeccablement habillé, en costume, avec sa belle barbe blanche taillée. La grande classe !
Le 8 novembre 1998, un mois avant de fêter son 85e anniversaire, il meurt à l’hôpital des Broussailles à Cannes.
Le lendemain de sa mort, Pierre Arditi déclare : " Il a regardé le monde comme un enfant regarde le monde. Il a dédié sa vie à l'art de l'acteur, sans avoir la grosse tête. Il portait sur sa gueule magnifique ce qu'il était dans la vie réelle. "
Michèle Morgan, sa partenaire dans " Aux yeux du souvenir " lui rend un hommage très émouvant en 1999 lors de la 13ième cérémonie des Molières, au Théâtre des Champs-Élysées. Cet hommage est d'ailleurs facilement visionnable sur YouTube.
Si nous devions citer 3 mots clés à propos de Jean Marais, nous dirions :
- élégance
- générosité
- humilité.
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